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Arcanes Infernales - Dan SEAGRAVE, le Forgeur d'Univers

Dernière mise à jour : 2 nov. 2020

[Originellement publié sur United Rock Nations, le 30/10/2019]

Dès sa création, le métal s'est créé un univers bien particulier en mêlant tout un tas de thèmes obscurs et repoussants pour la grande majorité des gens. Mais avec les années, de plus en plus d'adeptes ont continué de porter le flambeau et sans relâche, ont continué de forger cet univers. Musiciens, peintres, écrivains, journalistes, tous ont contribué a façonner cet univers, si bien qu'aujourd'hui, ce genre musical regorge d'histoires hallucinantes, de musiciens aux démarches artistiques folles, d'albums incroyables oubliés, bref de 1001 choses. C'est pourquoi, dans ce nouveau format pour United Rock Nations, nous allons nous balader dans cet univers et je tenterai d'être votre guide au fil de ces quelques lignes.

Bienvenue dans Arcanes Infernales !


Arcanes Infernales est un format d'articles où je ne me fixe aucune limite en terme de sujet, bien évidement le thème sera toujours rattaché au métal. C'est un format libre, un jour, je pourrai vous parler d'un courant musical, un autre jour d'un artiste peintre ou de la carrière d'un musicien voire même vous faire un top album sur un sujet bien précis. Nous pourrons aussi allez dans les vastes contrées de la littérature et du cinéma. Dans tout les cas beaucoup de choses excitantes sont à arriver comme le sujet de ce premier article !



En parlant de forgeur d'univers, Dan SEAGRAVE est une véritable institution pour tout fan de Death Metal. En effet, le peintre britannique se fait connaître à la fin des années 1990 grâce aux pochettes d'albums qu'il peint pour de jeunes groupes, d'un style alors émergent, le Death Metal. Rapidement, SEAGRAVE se fait connaître grâce à ses collaborations avec des groupes comme Morbid Angel, Entombed ou encore Suffocation. En effet, les premiers efforts respectifs de ces trois groupes sont aujourd'hui des références absolues du genre et ont forgé la légende des ces groupes. Je veux bien évidement parler de « Altars of Madness » pour Morbid Angel, « Effigy of the Forgotten » pour Suffocation et « Left Hand Path » de Entombed. SEAGRAVE à marqué de sa patte, l'entièreté de l'imagerie Death Metal de la première partie des années 1990, en effet, tout les groupes et albums considérés comme piliers du genre sont passés à un moment ou à un autre sous son pinceau. Citons en vrac Vader, Malevolent Creation, Pestilence, Gorguts, Nocturnus, et bien d'autres.


SEAGRAVE s'est fait la spécialité de peindre des paysages apocalyptiques très organiques. Une vision de SEAGRAVE se caractérise pour des bâtiments à l'architecture démesurée, biscornue et avec aucune notion de gravité, le tout plongé dans une nature ayant repris ses droit. Ces paysages donnent le vertige, tant tout est si démesuré et que l'homme, lorsqu'il y est inclus est complètement écrasé, impuissant face au spectacle dantesque se dressant devant lui. De plus, dans la quasi totalité de son œuvre, SEAGRAVE nous emmène au sein de cités détruites, fantomatiques, lugubres et ne sont plus que le souvenir des bâtisseurs qui ont érigé ces monuments.

La cité en ruine d'une ancienne civilisation peut nous rappeler Howard Philip LOVECRAFT et notamment « Les Montagnes Hallucinées » qui compte l'histoire d'une équipe de scientifiques amenée à découvrir une immense cité oubliée en plein milieu du pôle nord et lorsque qu'un petit groupe décide de si aventurer, ils découvrent que deux civilisations cosmiques intelligentes se sont déchirées et anéanties bien avant l'apparition de toutes formes de vie découverte par la science actuelle. Bref, à la manière d'un LOVECRAFT, SEAGRAVE, à travers ses toiles, remet en question notre perception de la réalité, notre réalité.


SEAGRAVE peint généreusement, de très larges espaces extrêmement détaillé. Plastiquement, on peut rapprocher le travail de SEAGRAVE avec celui de John MARTIN, en effet les deux ont cet attrait pour la démesure, d’ailleurs MARTIN est cité dans les interviews de SEAGRAVE comme une de ses influences/inspirations.



John MARTIN est un peintre et graveur anglais du XIXe siècle et est notamment connu pour ses représentation de scènes apocalyptiques comme avec La Fin du Monde (1853) ou encore La Destruction de Sodome et Gomorrhe (1852). D'ailleurs, au vu des thématique traité par MARTIN dans sa peinture, nombreux sont les groupes réutilisant ces œuvres comme pochette, Angel Witch en est un très bon exemple.

Il est aussi connu pour Le Pandemonium ou l'on peut y voir le Pandémonium, le palais des démons, et au premier plan Satan y est représenté exhortant l'armée d'anges rebelles.


La représentation du diable chez MARTIN est assez récurrente et toujours dans des espaces infiniment grands et oppressants comme par exemple la gravure (d'une série de 48 autres) Satan présidant le Conseil Infernal (1823-1827).


En observant les travaux de MARTIN, les connivences entre les deux sont évidentes. L'utilisation d'une palette de couleur limitée mais exploitant au maximum les variances de tons d'une même couleurs se rapprochant fortement du camaïeu par moment. Comme dit plus haut, ces vastes espaces, nous semblant infini sont aussi très importants pour les deux peintres, ces espaces de vertiges nous transportent et nous questionnent sur notre place dans la nature. Plus particulièrement pour SEAGRAVE, ce sentiment est renforcé grâce à la musique des groupes qu'il illustre, par exemple quand on écoute « Devouring Mortality » de Skeletal Remains, il assez facile de s'immerger dans cette univers de bâtiments colossaux entrain de se faire pilonner par une pluie d’astéroïdes.

Autre artiste que avec lequel on peut établir des connivences avec le travail de SEAGRAVE est le travail du néerlandais M.C.ESCHER. En effet, le travail du néerlandais sur la perspective est littéralement hallucinant Relativité (1953) ou encore Chute d'Eau (1961) est sont de parfaits exemples.














Chez SEAGRAVE, la perspective des ses édifices est complètement démente. En effet, il joue avec elle et nous offre des visions frôlant l'absurde tant certaines des ses constructions remettent en cause la notion d'échelle et de gravité.

Ces deux toiles en sont le parfait exemple, des bâtiments se recroquevillant sur eux-même, se tordant ou bien se transformant en une espèce de tornade... le tout avec un grand sens de la composition et de l'harmonie. Ce qui renforce la crédibilité des visions de SEAGRAVE est son sens du détail, chaque recoins de la toile fourmille de détails, une parcelle peut en être isolée, on peut déceler un détail nous menant plus loin dans la compression des ces visions.



Wayne BARLOWE, est un écrivain et peintre de science-fiction et de fantasy et notamment connu pour ses visuels surréalistes sur l'Enfer et le peuple qui y vit. Comme SEAGRAVE, BARLOWE imagine et hiérarchise sa vision de l'Enfer en y créant tout un panthéon de créatures et de véhicules plus ou moins grands, puissants et terrifiants. De plus, ce panthéon est amené à arpenter des espaces désolés, souvent en ruine ou prise d'une entité maléfique.


















Enfin dernier artiste que l'on peut convier quand on parle de l’œuvre de Dan SEAGRAVE, est le formidable peintre et photographe Zdzisław BEKSINSKI. Tout au long de sa vie, le polonais n'a cessé de peindre des visions apocalyptiques, démentes et dérangeante pour la plupart d'entre-elles. Tout comme SEAGRAVE, BEKSINSKI à un sens accrue du détail rendant crédible les difformités qu'il donne à observer. Par ailleurs, les thèmes de l'oubli, l'attente voir l'abandon sont récurrents dans les toiles du polonais tout comme on peut les retrouver chez SEAGRAVE, dans une moindre mesure quand même. Si vous voulez vous plonger plus amplement dans l’œuvre du polonais, je vous recommande la vidéo du génialissime ALT236 sur le sujet, intitulé:STENDHAL SYNDROME #10 Zdzisław Beksiński .


Nous pourrions divaguer sans fin sur les influences/ inspirations d'un artiste sans tomber dans le namedropping bas du front. Plus haut, j'ai tenté de vous rassembler ce qui me semble être les références majeures que l'on peut déceler dans le travail de Dan SEAGRAVE. En ayant ingérer toutes ces références, SEAGRAVE a forgé sa patte, son style qui est aujourd'hui reconnaissable entre tous comme peut l'être celui d'un Ed REPKA, un Pär OLOFSSON ou encore d'un Mark RIDDICK.



Maintenant éloignons nous un peu de la sphère du métal et parlons un peu de ces autres travaux, bien que moins important, la majorité étant des pochettes d'albums. J'aimerai parler de différentes séries de tableaux tout aussi intéressantes. En premier lieu celle nommée Body Work. Ces silhouettes fantomatiques, semblant dénuée de vie sont assez fascinantes. En les regardant, le malaise est palpable mais une certaine forme de curiosité se dégage et on essaye de discerner ce que peuvent bien être ces entités au bord de l'humanité pour certaines, que font t-elle pour certaines, trouver des réponses est difficile voire impossible pour le plupart de ces questions laissé sans réponse nous laissant simplement spectateur de cette macabre danse .

On peut aussi faire un parallèle entre Body Work et son autre série Becoming a Ghost qui pour le coup traite le sujet de la décadence de corps et d'esprit plus frontalement.



Autre série de toiles The Migrators, ici nous plongeons dans un ciel peuplé de créatures volantes cauchemardesques. Ces créatures aux courbes difformes semblent ne répondre d'aucun plan de réalité connu. Il est impossible de s'imaginer leur taille, bien que semblant massif et écrasantes, l'incertitude plane toujours. Et ce sentiment d'inconnu est primordial dans la totalité des travaux de SEAGRAVE. Chaque toile à son lot de mystères que seul les plus attentifs et déterminés tenteront de déceler.



Et enfin parlons de sa série de toile The Temple, qui est selon moi sa série la plus folle et représentative de son univers. En effet, il a complètement pété un câble et à laissé sa folie créatrice parler pour lui. En résulte des paysages hallucinants de complexité, de couleurs et détails en tout point. Ces toiles sont véritablement vertigineuses.



Au final, Dan SEAGRAVE à marqué au fer rouge l'imagerie du métal grâce à son univers apocalyptique. Aujourd'hui, une pochette peinte par Dan SEAGRAVE est reconnaissable entre mille. Sa peinture et son œuvre ont influencé tant d'autres artistes comme Par OLOFSSON par exemple (qui, un jour sera traité dans cette rubrique). Son imagerie et univers font voyager lors des écoutes d'albums et nous permet de nous échapper de cette réalité en plongeant pleinement dans ces visions.


Ainsi se conclut ce premier article de cette nouvelle rubrique, Arcanes Infernales. Cette rubrique est très personnelle et me permet de parler de la musique qui me passionne dans un spectre plus large que le très restreint cadre des chroniques. En espérant que cela vous ai plus et que vous ayez réussi à rentrer dans le fabuleux univers de Dan SEAGRAVE.




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